Friday, January 30, 2015

Un tyran meurt, l’Occident pleure
Tarik Bouafia

26 janvier 2015

Le roi Abdallah d'Arabie Saoudite est décédé ce jeudi à l'âge de 90 ans après avoir dirigé d’une main de fer le royaume réactionnaire pendant 20 ans. Allié inconditionnel des gouvernements impérialistes occidentaux, il est resté dans la lignée de ses prédécesseurs : soumission aux États-Unis, violation systématique des droits de l'homme, financement de groupes fanatiques djihadistes... La marionnette par excellence.


L’Arabie Saoudite, le plus grand des serviteurs de l’Occident

Depuis sa fondation par Abdel Aziz Ibn Saoud en 1932, le royaume d’Arabie Saoudite n’a cessé de servir les intérêts des puissances occidentales. D’abord ceux du Royaume-Uni, protecteur de la famille Saoud, qui avait aidé les Saoud à fonder leur royaume pour profiter de la position stratégique du pays. Non seulement pour s’assurer du commerce avec ses anciennes colonies mais également en l’utilisant pour contrer l’influence de l’Empire Ottoman. Puis, ce fut au tour des États-Unis d’imposer leur domination dans le pays. Le deal était simple : en échange d’un soutien financier et militaire, le royaume s’engageait à fournir aux États-Unis un pétrole bon marché et des bases militaires ainsi qu’à jouer le rôle de « gendarme » de la région en déstabilisant les pays désireux d’affirmer leur indépendance et de choisir une autre voie que celle de l’inféodation à l’empire états-unien. Financement de groupes fanatiques djihadistes et instrumentalisation de l’islam furent, entre autres, les outils utilisés pour déstabiliser ces pays.
Le clan des Saoud dirige le pays d’une main de fer depuis presque un siècle. Ainsi, tous les rois qui se sont succédé ont toujours suivi les mêmes orientations, tant dans la politique intérieure qu’extérieure. Voilà pourquoi il n’est pas vraiment nécessaire de s’arrêter sur un roi en particulier, étant donné que tous ont pratiqué la même politique. Preuve en est, le nouveau roi Salman a affirmé qu’il continuerait sur la même ligne que son prédécesseur. Depuis l’annonce de la mort d’Abdallah, les chancelleries occidentales ont toutes salué la « mémoire » du roi défunt. Hollande, Cameron, Obama, Harper... tous ont accouru pour aller rendre hommage au tyran et n’ont pas hésité à faire l’éloge de son action. Il est donc temps de dresser une analyse comparative des déclarations et de la réalité.

Le roi Abdallah, un pacifiste ?

A entendre certains dirigeants européens et nord-américains, on se demande parfois s’ils sont vraiment conscients des propos qu’ils tiennent. Prennent-ils les citoyens pour des abrutis ou croient-ils réellement à ce qu’ils disent ? Je pencherais pour la première option car un des éloges rendus au roi saoudien a été de le qualifier de « pacifiste ». François Hollande a en effet « salué la mémoire d’un homme d’État dont l’action a profondément marqué l’histoire de son pays et dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste d’actualité ». David Cameron a, lui, exprimé sa profonde tristesse en saluant « l’engagement du roi en faveur de la paix ». De son côté, le premier ministre du Canada (la semi-colonie des États-Unis) a fait très fort. Il a en effet qualifié le roi « d’ardent défenseur de la paix » avant d’ajouter : « Nous sommes de tout cœur avec le peuple saoudien et nous PLEURONS le départ de ce GRAND homme ».

On peut au moins saluer le sacré culot de nos dirigeants. Mais ce n’est pas tout. Au-delà d’être un pacifiste, le roi Abdallah aurait été un dirigeant combattant le « terrorisme », le président français confirmant que lui et le dictateur entretenaient des « relations pour lutter contre le terrorisme ». Des déclarations tenues face à la presse qui n’ont pas eu l’air de choquer les journalistes.

Le roi Abdallah et dans une plus large mesure la famille Saoud qui dirige ce pays sont-ils vraiment des pacifistes ?

Ont-ils vraiment lutté contre le terrorisme comme le laissent entendre les gouvernants occidentaux ?

L’histoire et le présent indiquent pourtant le contraire. L’Arabie Saoudite a toujours été un allié stratégique des États-Unis. Le royaume a été utilisé par Washington dans le but de déstabiliser des mouvements nationalistes et indépendantistes. En effet, pour Ryad, les dirigeants nationalistes comme Nasser ou Khomenei représentaient une menace pour la survie de la famille royale. L’exemple égyptien ou iranien aurait en effet pu servir de modèle au peuple saoudien, victime de l’oppression et de la tyrannie de ses dirigeants.

En Iran, lorsque la révolution islamique triomphe en 1979, l’Arabie Saoudite prend peur car désormais une puissante nation va lui faire face. L’Iran venait de se débarrasser du Shah et le pays était bien décidé à se développer de manière indépendante. En 1981, le roi Khaled tenta de corrompre un colonel de l’aviation iranienne pour renverser le guide spirituel mais sans succès. Le royaume saoudien, en étroite collaboration avec Washington, décida alors de se tourner vers Saddam Hussein pour le convaincre d’attaquer l’Iran. Saddam accepta. Bilan : plus d’un million de morts. Belle leçon de pacifisme !
Le clan des Saoud est une famille extrêmement réactionnaire et fermement attachée au pouvoir. C’est pourquoi elle obéit comme un vassal à Washington, son grand protecteur, et a toujours tout mis en œuvre pour détruire une nation ennemie. Concernant le roi Abdallah en particulier, il aurait donc prôné la paix ? Vraiment ? N’a-t-il pas envoyé son armée le 14 mars 2011 afin de réprimer des manifestations pacifiques à Bahreïn ? Cette féroce répression n’a-t-elle pas fait 76 morts du côté des manifestants ? Chers François Hollande, David Cameron, Stéphane Harper, votre mémoire vous fait-elle défaut ? Et enfin, n’oublions pas un événement très important qui a eu lieu le 3 juillet 2013 : Le coup d’État du général Al-Sissi en Égypte contre Mohammed Morsi. S’en est suivi une répression impitoyable contre les partisans des frères musulmans qui a entraîné la mort de plus de 1000 personnes. Un massacre réalisé avec la bénédiction de...l’Arabie Saoudite qui n’a cessé de soutenir Le Caire. Nous avons là l’exemple parfait qui démontre la mémoire sélective avec laquelle les chefs d’État et de gouvernement occidentaux traitent l’histoire. Apparemment, massacrer des manifestants pacifiques dans un pays allié des puissances du Nord ne semble pas être un problème.
Intéressons nous maintenant au fameux « terrorisme ». Ce mot voyageur que tous nos médias et dirigeants utilisent et qui ne semble plus signifier grand-chose. Le roi Abdallah aurait été un allié de l’Occident dans la lutte contre le « terrorisme ». Pourtant ni les puissances impérialistes ni l’Arabie Saoudite n’ont lutté contre le « terrorisme », bien au contraire. Notons tout d’abord que l’Europe de l’Ouest, les États-Unis et l’Arabie Saoudite partagent, parmi leurs nombreux points communs, celui essentiel de la haine viscérale envers le communisme. C’est par ailleurs pour cela que Ryad éprouvait une haine aussi profonde envers l’Égypte de Nasser, grand allié de l’Union Soviétique. L’Arabie Saoudite serait donc un pays qui combat le terrorisme.

Alors pourquoi a-t-elle financé et armé, avec l’aide des États-Unis, des fondamentalistes fanatiques, des moudjahidin pour lutter contre le gouvernement socialiste de Nour Mohammad Taraki en Afghanistan avant même que l’Union soviétique n’envahisse le pays ?

L’Arabie Saoudite a financé sans problème le terrorisme et cela n’a jamais gêné les chancelleries occidentales. Et, plus récemment, quel pays ne cesse d’envoyer des armes et de financer les groupes djihadistes et terroristes en Syrie ? Encore l’Arabie Saoudite pour qui la « fin justifie les moyens ». 

Je vous propose de terminer avec la palme d’or des déclarations suite à la mort du roi Abdallah. La palme est décernée à Christine Lagarde, directrice générale du FMI qui a déclaré tout tranquillement que le roi était « d’une manière discrète, un GRAND DEFENSEUR DES FEMMES ». Apparemment, Madame Lagarde ne semble pas avoir peur du ridicule mais il semble qu’elle puisse sans crainte se permettre de tenir ces propos puisque tous les journalistes en face d’elle se sont tus, aucun n’a bronché. Belle déontologie journalistique. Si Abdallah était défenseur des femmes, il était en effet fort discret. Interdire aux femmes de conduire, de voyager ou d’être admises seules dans un hôpital, leur interdire de voter, les lapider lorsqu’elles commettent un adultère, est-ce l’attitude d’un « défenseur des femmes » ? Christine Lagarde ne devrait-elle pas être jugée pour apologie de la violation des droits de l’homme ?

Amnésie médiatique et droits de l’homme à géométrie variable

Analyser l’actualité nous mène automatiquement à nos chers médias. Comment les professionnels de la propagande et du mensonge ont-ils abordé la mort du roi Abdallah ? Tous plus ou moins de la même manière. On retiendra notamment la présentation que France 24 a faite du tyran en le qualifiant de « garant de la stabilité ». L’Arabie Saoudite qui, à travers le financement de fanatiques religieux embrasant tout le Moyen-Orient, a soutenu le coup d’État du général Al Sissi en Égypte est selon la chaîne d’information internationale française un « garant de la stabilité ».

Mais de quelle stabilité parlent-ils ? Peut-être celle qui a permis au pouvoir de se maintenir à Bahreïn ? La stabilité dans le sang, c’est peut-être cela que salue France 24 ? Les autres médias dominants ont évoqué le sujet saoudien en lui consacrant cinq minutes environ. Une minute pour montrer les images de l’arrivée des dirigeants occidentaux à Riyad, une minute pour évoquer le bilan positif d’Abdallah, une minute trente pour présenter son successeur et ce qui l’attend à la tête du pays et une minute trente pour évoquer les violations des droits de l’homme.

On avait pourtant connu nos médias plus indignés et plus révoltés, notamment lorsqu’il s’agissait de défendre la liberté d’expression. Ils ont à peine évoqué le sort du jeune blogueur Raif Badawi, condamné par le régime à 1000 coups de fouet et dont le sort ne semble pas horrifier la presse. Alors que, quand la jeune Iranienne Sakineh fut menacée de lapidation, les médias se sont largement indignés et Bernard Henri Lévy, chemise ouverte sur le poitrail, a pu exprimer toute son émotion sur les plateaux de télévisions. Si les médias ont donc parlé des violations des droits de l’homme, il faut dire qu’il aurait été difficile de ne pas évoquer le sujet. Mais alors pourquoi éludent-ils ce sujet quand un événement touche l’Arabie Saoudite.

Pourquoi ne sont-ils pas plus offensifs et insistants sur la question saoudienne ?

Oublient-ils que les femmes sont traitées comme des objets, des sous-espèces humaines ?

Oublient-ils qu’on coupe la main des voleurs ?

Qu’on lapide les femmes ?

Qu’on emprisonne tous ceux qui osent critiquer même timidement le pouvoir en place ?

Étrange amnésie des médias qui ne disent jamais un mot sur les violations des droits de l’homme dans les pays alliés de l’Occident : le Mexique, Bahreïn, l’Égypte, le Paraguay...Pourtant ils n’hésitent pas à condamner en permanence les « régimes » iranien, russe ou encore vénézuélien.

Des nations qui bien évidemment ne se soumettent pas aux intérêts des puissances de l’OTAN et qui entendent se développer de manière autonome et indépendante en formant dans ce but un « bloc du sud » anti-impérialiste et anticolonial. Prenons un exemple concret afin de comparer le traitement médiatique sur un sujet précis : la mort d’un dirigeant. Nous avons vu comment Paris, Londres ou encore Ottawa ont réagi à la mort du roi despote. Souvenez-vous du traitement médiatique suite à la mort du commandante Hugo Chavez. Le son de cloche était totalement différent. Quelques secondes pour montrer les avancées sociales et économique impulsées par Chavez et on passait vite à l’aspect critique. Et là, on avait droit aux habituelles accusations de « despotisme », de « populisme » du président Chavez. Grand défenseur la souveraineté populaire, il a été calomnié voire insulté en Occident alors qu’il avait remporté 14 des 15 scrutins organisés sous sa présidence. En fait, Chavez était le « mauvais élève » du Tiers-Monde puisqu’il avait osé s’opposer aux multinationales en nationalisant des pans entiers de l’économie. Abdallah, lui était le « bon élève du Tiers-Monde », le « bon arabe », le meilleur des valets.

Enfin, finissons avec les gouvernements occidentaux. Leur attitude en dit long sur leur cynisme et leur hypocrisie. Rappelons qu’aucun dirigeant occidental n’était présent lors des funérailles d’Hugo Chavez, un dirigeant qui avait pourtant réellement œuvré en faveur de la paix. Il était en effet intervenu en tant que médiateur dans le dialogue entre le gouvernement colombien et les FARC. Il avait énormément travaillé pour qu’émerge enfin un processus de paix. Et puis, il avait soutenu avec la Ligue Africaine une solution pacifique en Libye pour éviter ce qui s’est passé par la suite avec les hordes criminelles de Washington, Londres et Paris. Cette homme était un « grand défenseur des femmes » et pas discrètement. En effet, sa nouvelle constitution donne un statut nouveau à la femme. Par exemple, une femme au foyer est désormais considérée comme une travailleuse à part entière et reçoit donc un salaire de l’État.

Cette comparaison entre deux sujets similaires peut mettre en lumière le vrai visage des puissances impérialistes et néocoloniales. Elles prônent officiellement la démocratie, les droits de l’homme mais n’hésitent pas à soutenir et financer les pays et les organisations les plus obscurantistes et réactionnaires comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Égypte. Un soutien dans le but de préserver leurs intérêts et d’affaiblir les principaux concurrents comme la Chine. Au fond, les dirigeants occidentaux se foutent royalement des valeurs démocratiques et humaines. Ce qui les intéresse, c’est l’argent, les matières premières.

Henry Kissinger avait très bien résumé l’esprit qui anime ces pays « Si nous devons choisir entre la démocratie et nos intérêts, nous choisirons toujours nos intérêts » On a vu ce que ça a donné au Chili... Tous ces discours à la gloire de l’État de droit et au respect des droits de l’homme sont de véritables escroqueries intellectuelles. Déjà, nos nations occidentales ne sont elles-mêmes pas des démocraties mais des oligarchies. Elles n’ont donc aucune leçon à donner. Et, concernant les droits de l’homme, je ne pense pas que la France ou encore l’Angleterre soit bien placée pour dire au reste du monde ce qu’il convient de faire. Leur lourd passé colonial et leur présent néocolonial devrait les inciter à se taire.

Quant à l’Arabie Saoudite, elle va continuer à jouer le rôle du bon serviteur des États-Unis. Le pétrole va continuer à être quasi gratuit et le royaume va poursuivre sa mission de nation mercenaire au service de Washington. Enfin, rien ne devrait changer sur le plan intérieur. Les exécutions et les lapidations vont continuer à faire partie du paysage saoudien et ce, avec la bénédiction des États-Unis et de leurs alliés. Néanmoins, Riyad a peur. Peur de disparaître ou du moins de perdre de sa force au Moyen-Orient. Cette monarchie obscurantiste ne sait pas de quoi demain sera fait. Elle s’interroge et devient de plus en plus violente et belliciste. Après l’intervention à Bahreïn, le régime saoudien a tenté de renverser Bashar Al Assad en finançant des groupes terroristes. Mais derrière Al-Assad, c’est tout l’arc chiite Iran-Syrie-Hezbollah libanais qui est visé. En essayant indirectement de faire tomber Assad, Riyad essaie d’affaiblir Téhéran. Car le voilà son véritable ennemi dans la région.

Les deux pays se disputent le leadership au Moyen-Orient et chacun des deux pays a choisi son camp. Pour l’Arabie Saoudite, l’allié est Washington. Pour Téhéran, c’est Moscou et surtout Pékin. Les États-Unis sont en plein déclin et l’Arabie Saoudite n’est pas sûre de pouvoir bénéficier éternellement de l’aide états-unienne. Une chose est sûre : si demain Washington n’est plus en mesure de protéger l’Arabie Saoudite, le royaume s’effondrera. Et, comme les États-Unis sont en pleine crise économique et civilisationnelle, cette option est plus que jamais envisageable, peut-être plus tôt qu’on ne le croit. 

Source :http://www.michelcollon.info/Un-tyran-meurt-l-Occident-pleure.html




Our Fascist Friends - Hard to Swallow 

A Ukraine military vehicle dressed up for war on their fellow citizens who just happen to share Russian culture due to their living near the border.  Sadly those people become expendable as the US-NATO intend to create chaos inside Russia toward the goal of balkanizing that sovereign nation


 
 
Many warn
of the collapse
economic
shutdown

to extract
the remaining breath
from the living

Everyone
is afraid
of something
or someone

(fear nothing
but
fear itself)

Humility
becomes scarce
arrogance
reigns

we all suck
the same air
our planet
is hot
and fragile
as our own
life is...

U.S
not a free country
many use
the word
fascism
when they
look toward Washington

U.S. supports
fascism in
Ukraine
Japan
Germany
Honduras
Saudi Arabia
Bahrain
Belgium
South Korea
Libya
Afghanistan
Iraq
Israel
Australia
Philippines
United Kingdom
and many
more...

Washington
never apologizes
for anything
never admits
when wrong

It gets
stuck in the throat
goes down hard

truth
always difficult
to swallow
 
 
Bruce K. Gagnon
Coordinator
Global Network Against Weapons & Nuclear Power in Space
PO Box 652
Brunswick, ME 04011
(207) 443-9502
http://www.space4peace.org 
http://space4peace.blogspot.com  (blog)

Thank God men cannot fly, and lay waste the sky as well as the earth. - Henry David Thoreau

Obama Hustles Modi, Did He Succeed?

Melkulangara BHADRAKUMAR | 30.01.2015 | 00:00
The three-day state visit by the United States President Barack Obama to India has been extraordinarily rich in political symbolism. It followed an initiative by Prime Minister Narendra Modi to invite Obama to be the chief guest at India’s national day celebrations on January 26. 
Modi himself had visited Washington only four months ago and Obama’s acceptance of the invitation also signified an unprecedented second visit by an incumbent American president to India. 
With the dust settling down on the colorful visit, stocktaking begins. There are three templates to consider – one, how to decipher the political symbolism as such; two, what has been the substantive outcome of the visit and what lies ahead for the India-US relations; and, three, how the upgrade of the relationship impacts the power dynamic in Asia-Pacific. 
Without doubt, New Delhi and Washington have signaled a political resolve to re-energize the relationship, which has been under the weather in the past 2 to 3 years. Looking back, the high expectations raised by the former prime minister Manmohan Singh to Washington in 2009 and Obama’s return visit in 2010 could not be fulfilled, which took the shine off the India-US relationship. 
Essentially, the Obama administration was waiting till the political uncertainties in India cleared up after the April-May 2014 election. Modi himself went the extra league during his September visit to underscore that he not only carried no ill will, but was eager to energize the ties with the US. And Washington has estimated that it can do business with Modi whom it not only sees as ‘pro-reform’ like his predecessor but also as someone who would make a more meaningful, effective and resolute interlocutor than Manmohan Singh. 
For Modi, a lavish display of friendship with ‘Barack’ holds advantages in domestic politics. Obama, who has a reputation for being aloof, is willing to play along. Meanwhile, for Obama, whose presidency is under relentless attack at home, resuscitation of the US-Indian relationship is a foreign-policy legacy. The Modi-Obama bonding is a match made in heaven. 
Having said that, Obama’s visit failed to produce a substantive outcome. He made no commitments regarding US investments. No accord could be reached on climate change (which was apparently a priority). The India-US defence agreement has been renewed for another ten-year period but no flagship project was announced on co-production or joint development of military technology. Nor did India sign any new contracts for American weaponry. 
A significant outcome devolves upon the «breakthrough» in finding a formula that could remove the discord between the two governments over India’s nuclear liability law. But there is no clarity whether the understanding reached at the governmental level (details of which haven’t been divulged) would stand scrutiny in a court of law or even prompt the American companies to shed their inhibitions over the Indian law (which, they say, does not conform to the international covenants on liability in nuclear commerce.) 
In short, the balance sheet is poor, but the media hype is that this has been a ‘transformative’ visit. The truly transformative visits in the relationship have been two – visit by Bill Clinton in March 2000, auguring a historic course correction in the US’ unfriendly cold-war era policies, and by George W. Bush in March 2006 against the backdrop of the US-India civil nuclear cooperation agreement, which promised a paradigm shift in the strategic ties. In comparison, Obama’s visit falls in a category by itself – an earnest joint effort to salvage the relationship and put it on a forward-looking trajectory. 
How far Modi and Obama succeeded, time only will tell. The Indians are notorious for praising their leaders’ ‘personal chemistry’ with western statesmen, blithely overlooking that convergence of interests is the bedrock of inter-state relationships. The sustainability of the excellent climate in the India-US relations will depend on the follow-up. What can be said for the present is that there is enormous interest on both sides to do this, but, equally, there is a sense of déjà vu among dispassionate onlookers. 
The heart of the matter is that the sort of market access that the US is demanding and the high Indian expectations regarding American investments are unrealistic in a near term. The testimonies by the IMF and World Bank that India is on a high growth path exceeding China’s within a year or two must add up – and there is no empirical evidence. Systemic issues are many, and the international economic environment is not encouraging. The recovery of the US economy has not stabilized. 
Delhi claims that «investor perception about India has reversed dramatically after years of stagnation» – to quote the Finance Minister Arun Jaitley. But Jaitley also candidly admitted that such optimism is «tempered with caution» as regards the government’s ability to deliver. 
Regional tensions and fatcats
The only foreign-policy statement to come out of Obama’s visit has been a ‘joint strategic vision statement’ regarding Asia-Pacific and the Indian Ocean. Interestingly, the statement had nothing to say regarding Pakistan, which is an obsessive foreign-policy issue for the Hindu nationalists who mentor the Modi government. Obama said not a word regarding Pakistan or its alleged support for terrorism, which is a big departure from his 2010 visit to India. Profound differences remain between the two countries regarding Pakistan, the most vexatious regional issue in Modi’s foreign-policy calculus at the moment. 
The ‘joint strategic statement’ turned out to be a rehash of the positions articulated in the joint statement issued after Modi’s visit to Washington and it, once again, contains a tendentious reference to the South China Sea. The American side has given the spin that the Obama-Modi talks on regional issues heavily focused on China’s ‘assertive’ policies. 
The pro-American analysts in the Indian media have rushed to the conclusion that under Modi, India is veering round to «an eventual amalgamation of India’s Act East (policies in south east Asia) and the US’ Asia pivot». Their preposterous thesis is that Modi is jettisoning India’s inhibition about the US’ containment strategy against China. 
Indeed, the US objective has always been to recruit India in its containment strategy against China. The idea of a ‘quadripartite alliance’ between the US, Japan, Australia and India is at least a decade old, dating from the high noon of the neocon ideology in the George W Bush presidency. Obama’s former defence secretary Leon Panetta once famously named India as a ‘lynchpin’ in the US’ rebalance strategy in Asia. 
However, the moment Obama and the spin doctors in his entourage took off for home, Indian officials scrambled to do fire-fighting, distancing themselves from their «strategic misinterpretation» of the joint strategic vision statement. According to them, Modi made it clear to Obama that India’s independent foreign policies would not allow any «third power» (read US) to forge a common front against China. 
Delhi is anxious that the Americans and their lobbyists in India do not choreograph Modi’s forthcoming visit to China. A senior Indian diplomat briefed the media that Indian External Affairs Minister is leaving for China on Friday and on her return, the National Security Advisor will also travel to Beijing to prepare for Modi’s visit. The diplomat has been quoted as saying, «President Xi is keen to host him [Modi] in his hometown Xian». 
Why are the Americans spreading such «strategic misinterpretation» of Modi’s thinking on China? Washington seems acutely conscious that the US cannot match China as an investor in Modi’s ‘Make in India’ project. The US’ big worry is that if the proposed railway project by China in India involving $32 billion goes through (on top of the offer made by China during Xi’s visit to India in September on a $20 billion investment plan to set up industrial parks), the Sino-Indian relationship would profoundly transform. 
The heart of the matter is that Modi’s development agenda (on which his mandate in the 2014 election rests) focuses on the infrastructure and manufacturing sectors, since they only hold big potential to generate jobs for India’s millions of unemployed youth – and it is China that makes an ideal partner, given its vast experience in these sectors. 
On the other hand, the bottom line has always been that the verve and swagger of the India-US ‘strategic partnership’ needs as fodder an incessant supply of Sino-Indian tensions. Such tensions vitiate the regional security environment and create acute anxieties in the Indian mind and in turn would provide the ideal business climate for the fatcats in the US military-industrial complex. It is a vicious cycle. 
The great American fear today is that Modi might break this cycle and put India-China relations on a predictable footing. From the Chinese commentaries on Obama’s visit, Beijing is aware of the American attempt to hustle Modi towards the US’ rebalance strategy in Asia. And Delhi is hastening to clarify that proximity to the US will not translate as alliance against China. An element of strategic ambiguity has appeared. Much will now depend on the outcome of Modi’s forthcoming visit to China. 
http://www.strategic-culture.org/news/2015/01/30/obama-hustles-modi-did-he-succeed.html

Russia might bailout Greece – finance minister

News | 30.01.2015 | 16:22
Greece hasn’t outright asked Russia for a loan, but Russian Finance Minister Anton Siluanov said Moscow wouldn't rule it out. His statement comes days after Greece openly opposed further economic sanctions against Russia.
"Well, we can imagine any situation, so if such [a] petition is submitted to the Russian government, we will definitely consider it, but we will take into account all the factors of our bilateral relationships between Russia and Greece, so that is all I can say. If it is submitted we will consider it," Siluanov told CNBC in an interview in Moscow on Thursday.
The new left-wing Syriza government in Greece won a majority at last Sunday’s election on the promise to renegotiate the country’s €317 billion debt and end austerity.
Greece needs to negotiate with EU policymakers by February 28 in order to receive the next tranche of bailout funds. If Athens doesn’t get the money it will have difficulty servicing its debt. Two bailouts were paid in 2010 and 2014 totaling €240 billion.
The new government was quick to show support for Moscow, and has openly called for an end to Russian sanctions, and may veto any future sanctions.
Siluanov applauded Greece’s stance on sanctions as “pragmatic” and “economically justified.”
On Thursday the European Commission decided to extend sanctions against Russia through September 2015, but did not add any broader economic measures. A spokesperson for the new PM Alexis Tsipras said Greece didn’t approve of any further restrictive measures.
Between announcing it doesn’t intend to pay off its €317 billion debt in full and blocking Russia sanctions, Greece has emerged as a wild card among the 29 countries of the EU.
Russia-Greece deals
Russia gave Greece a very valuable card to play in the EU when it announced its South Stream pipeline will be re-routed through Turkey, with a gas hub expected to be built on the border between Turkey and Greece.
Russian investors have been watching Greece closely since the economy went bust in the 2008 credit crisis, which sent it looking for financial assistance from the EU to pay its creditors.
The crisis, as well as the EU bailout policy, has sent the economy into a six-year recession, forcing the government to dismantle and privatize state assets to meet austerity targets under its EU bailout plan.
State-owned Russian Railways and Gazprom have been eyeing stakes in Greek assets. Russian Railways has held talks with TrainOSE, Greece’s state-owned passenger and cargo rail operator. In 2013, Gazprom made a €900 million bid for Greece’s state gas company DEPA, but backed out of negotiations at the last minute, citing concerns over the company’s financial stability.
Russian investment in Greek railways is estimated at up to $3 billion per year.
Traditionally, the two countries have very strong tourist ties, with more than 1 million Russians visiting Greece each year. This number has been trimmed since the ruble crisis and slowed growth have forced many Russian to forgo foreign travel.
Greece is home to a robust Russian diaspora - nearly 300,000 Russian nationals live 1,400 miles south of Moscow, largely a result of emigration.

Le nouveau gouvernement grec s'aligne sur la Russie de Poutine

par Olivier Perrin

Alexis Tsipras, juste avant la première réunion de son cabinet. (Louisa Gouliamaki/AFP)
Alexis Tsipras, juste avant la première réunion de son cabinet. (Louisa Gouliamaki/AFP)

Contre les sanctions de l’UE en Russie, contre le gouvernement ukrainien, contre l’austérité, contre l’Allemagne: Alexis Tsipras n’a pas tardé à démontrer la continuité idéologique de Syriza. Un nouvel axe se dessine: Athènes-Moscou

Cela n’a pas échappé au quotidien économique russe Kommersant: le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a, dès avant la victoire de Syriza, annoncé qu’il était favorable à un allégement des sanctions et contre la politique d’isolement de la Russie. Et dans «les premières escarmouches» entre la nouvelle Grèce et l’Union européenne racontées dans Le Temps ce jeudi matin, un aspect géostratégique frappe: l’axe Athènes-Moscou qui est en train de se dessiner sur la carte des alliances. Ce que la Neue Zürcher Zeitung résume dans la formule: «Le cheval de Troie de Poutine».

Résumons. A peine installé, le gouvernement de Syriza passe l’acte: il récuse les nouvelles sanctions contre la Russie réclamées par Bruxelles après la reprise de violentes hostilités dans l’est de l’Ukraine. Pendant ce temps, Nikos Kotzias, le ministre des Affaires étrangères, transfuge du Parti communiste grec, défend des relations bilatérales plus étroites avec Moscou. Il aurait déjà remercié Poutine de s’être porté «au secours de nos frères orthodoxes» en Crimée.

Dans la revue de presse de France Inter, on lit que la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui titrait clairement mercredi «Nach Moskau! Nach Moskau!», s’en inquiète, en évoquant «la joie du Kremlin depuis dimanche». Et toujours en Allemagne, Bild enchaîne avec «Die Russen-Connection der Griechen-Radikalos»: «A peine 90 minutes après son investiture […], Tsipras rencontre qui? L’ambassadeur russe en Grèce»:

Le journal Kathimerini, qui a fait le tour de quelques réactions russes, semble indiquer assez clairement qu’à Moscou la presse juge que la Grèce «vient de donner une vraie leçon de démocratie au reste de l’Union européenne».

Puis, dans le Guardian, une «tribune d’une violence inouïe» vient à la rescousse de cette Grèce de Syriza que «l’Allemagne cherche à étrangler dès sa naissance». Pour le quotidien britannique, Angela Merkel est «le dirigeant politique le plus monstrueux de notre génération», «qui tyrannise le reste de l’Europe». Le texte va jusqu’à se référer au Dictateur de Charlie Chaplin, avec ses «hommes robots», ses «esprits robots» et ses «cœurs de robots». Plus étonnant encore, le gouverneur de la banque d’Angleterre, Mark Carney, occupe la une du Times de Londres, en se disant résolument «contre cette obstination allemande en matière d’austérité qui empêche la croissance partout en Europe».

Le site RéseauInternational évoque d’ailleurs des gestes hautement symboliques. Après avoir déclaré que «nous ne devons ni accepter ni reconnaître le gouvernement des néonazis en Ukraine», Tsipras a choisi de se rendre au champ de tir de Kaisariani pour rendre hommage aux 200 militants politiques grecs qui y ont été exécutés par les nazis le 1er mai 1944. «Des centaines de partisans, dont beaucoup étaient en larmes, l’ont regardé s’approcher du site.» Et les commentateurs grecs n’ont pu s’empêcher d’y voir «un nouveau «allez vous faire voir» à l’adresse des Allemands»:

Et l’on ne parle même pas encore de Yanis Varoufakis, le ministre des Finances de Tsipras, que Courrier international trouve «rebelle, grandiloquent, iconoclaste». Il préfère «le t-shirt et le jean au costume-cravate» et c’est lui qui va aller renégocier la dette grecque à Bruxelles. «Bien différent de ses prédécesseurs, aux dires du Financial Times, l’homme […] s’est fait connaître pour les textes d’opinion sur la crise financière» qu’il publie régulièrement sur son blog, yanisvaroufakis.eu , où il se proclame «marxiste imprévisible», dit France Info dans le très bon petit portrait qu’elle brosse de lui.

Cela, entre autres, lui a «fait gagner des milliers d’abonnés» sur Twitter (@yanisvaroufakis) . Et il faut préciser, loin de l’anecdote, que «Varoufakis est adepte de la théorie des jeux, stratégie qui consiste à anticiper les réactions de son adversaire. Appliquée très sérieusement en économie, cette théorie permet de modéliser des hypothèses avant de prendre les bonnes décisions. Cela lui sera certainement d’un grand secours dans les prochains mois.» Et ça rappelle la stratégie des grands joueurs d’échecs russes.


Une «frontière malsaine»

Alors, un allié solide à Moscou? Le site Breizh Info l’explique très bien en indiquant «qu’interrogé par l’édition en ligne du journal Rossijskaya Gazeta peu avant les élections […], Kostas Sirixos, directeur du département des affaires étrangères au sein de Syriza, précisait ainsi les orientations principales de la politique étrangère de la Grèce en cas de victoire: un de nos objectifs «est de travailler avec nos alliés politiques européens pour contrecarrer l’influence géopolitique et économique que l’Allemagne essaie d’imposer aux pays d’Europe du Sud-Est et aux Balkans.»

La radio La Voix de la Russie renchérit: «Cette manie de vouloir conserver à tout prix une frontière malsaine, rigide et j’oserais employer ce terme désuet d’impérialiste entre un Nord-créditeurs et un Sud-débiteurs devant sempiternellement se serrer la ceinture perdra un jour l’Allemagne. […] La Grèce étant le berceau de notre civilisation, on ne saurait s’attendre à ce qu’elle obtempère plus longtemps aux desiderata d’une Europe à deux vitesses dans laquelle une poignée d’ethnies élues s’arroge le droit d’imposer aux périphéries un mode de fonctionnement parasitaire.» Le politicien Panagiotis Lafazanis, sur Mediapart, ne dit d’ailleurs pas autre chose.

Contre l’euro-atlantisme

Interrogé par L’Agefi, Yorgos Tsipras, coordinateur du département de politique étrangère de Syriza et cousin germain d’Alexis Tsipras, est encore plus direct: «Nous sommes à l’épicentre de deux zones conflictuelles: au nord, il y a l’Ukraine et au sud-est la Syrie. On veut davantage de relations avec la Russie, qui doivent s’inscrire dans une politique multidimensionnelle. On ne veut plus d’une politique d’alignement euro-atlantique. Les sanctions contre la Russie ont fait perdre beaucoup d’argent à la Grèce qui n’y a rien gagné.»

«La Russie est un grand pays ayant du potentiel, une histoire et une immense expérience. Y compris pour sortir des crises. L’Europe est impensable sans une Russie qui y occuperait une place appropriée», disait Tsipras à la presse russe lue par RIA Novosti il y a quelques jours. Le magazine hebdomadaire Ogoniok a notamment rebondi sur un article du Spiegel allemand, en demandant au premier ministre: «Pourquoi êtes-vous plus dangereux pour l’UE que, par exemple, le Front national, les Vrais Finlandais ou la Ligue du Nord italienne?»

Les nationalistes, «faux ennemis»

Réponse d’Athènes: «Parce que Der Spiegel a tout compris. Les partis nationalistes sont de faux ennemis du système en place. Ils sont précisément un produit de la politique libérale de l’Europe, même s’ils menacent aujourd’hui de la détruire. Le parti (profasciste) grec Aube dorée est passé de 0,3 à 7% pendant les années de politique d’austérité. Contrairement aux partis de ce genre, nous ne proposons pas de quitter l’Europe ou la zone euro.» Mais Tsipras fustige «ceux qui ont imposé à l’Europe un modèle antidémocratique et antiéconomique. Quoi qu’en disent les 28 pays membres de l’UE, c’est la fameuse «troïka» (CE, BCE, FMI) qui prend des décisions et agit dans l’intérêt des  banques, et non du développement économique dans l’ensemble.»

«Ce qui a été fait avec la Grèce devrait même entrer dans les manuels d’économie en tant que contre-exemple», ajoute-t-il. C’est peu dire que le débat est lancé, et qu’il s’annonce musclé ces prochains mois.



En complément l'analyse de Michel Juvet, analyste chez Bordier & Cie

L'Opinion de Michel Juvet : Elections grecques : guerre froide en perspective ?




 La Grèce peut forcer l'Europe à changer

Yannis Varoufakis est candidat pour Syriza aux élections du 25 janvier en Grèce.Yannis Varoufakis est candidat pour Syriza aux élections du 25 janvier en Grèce. (Crédits : Reuters)Propos recueillis par Romaric Godin, à Athènes  |  20/01/2015, 13:16  -  2597  mots
Dans cette interview accordée à "La Tribune" le 20 janvier dernier (à une semaine des élections), Yanis Varoufakis, qui vient d'être nommé, ce mardi, ministre des Finances du gouvernement Tsipras, explique son engagement et le sens qu’aurait pour l’Europe une victoire du parti dirigé par Alexis Tsipras.

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager en politique avec Syriza ?
Pendant très longtemps, je n'étais pas proche de Syriza. J'ai conseillé, avant qu'il ne devienne Premier ministre en 2009, George Papandréou. Mais, lorsqu'en juin 2010, j'ai commencé à écrire que, contrairement à ce qu'affirmaient les politiques grecs, la Grèce était en faillite et qu'il fallait accepter ce fait, plusieurs hommes politiques de tous horizons m'ont contacté, y compris Alexis Tsipras. Progressivement, nos positions se sont rapprochées au fil des années. Je n'avais jamais eu l'intention d'entrer en politique, mais lorsque vous avez établi, en tant qu'économiste, un ensemble de recommandations pour votre pays, et qu'un dirigeant politique vous propose de les mettre en œuvre, il est difficile de refuser.
Si Syriza gagne, pensez-vous mettre réellement en œuvre ces recommandations ?
Non, la seule certitude que l'on a en Grèce, c'est l'incertitude. Mais, si vous avez une chance de pouvoir le faire, vous devez la saisir.
Comment comprenez-vous les pressions de la Troïka sur votre pays en cette période de campagne électorale ?
La Troïka tente de nous asphyxier et de faire pression sur le choix démocratique en nous disant : ou vous suivez nos exigences, ou vous serez jetés en enfer. Ils présentent en réalité leurs propres menaces comme des circonstances exogènes à la situation, alors qu'elles en sont une simple partie. Ils tentent de terroriser les électeurs grecs.
Comment y répondre ?
Pour ma part, j'aime à croire que la meilleure arme que l'on peut opposer à la Troïka est de disposer d'un gouvernement élu avec une bonne majorité. Une fois ce gouvernement élu, il me semble que l'on doit pouvoir s'asseoir à une table pour discuter enfin du règlement définitif de la crise grecque et de mettre en place une nouvelle approche de la part du reste de l'Europe. Car cette crise n'est pas qu'une crise « grecque », c'est aussi une crise européenne. Si la Grèce n'avait pas été dans la zone euro, elle n'en serait pas là. Sans doute serait-elle aussi en difficulté, mais pas à ce point. Si la France se trouve elle-même dans une impasse, en raison de sa dette et de sa situation politique et sociale, elle le doit aussi à l'organisation actuelle de la zone euro.
La crise de 2008 est une crise comparable à celle de 1929 et l'on se souvient que cette dernière crise a libéré des forces qui ont détruit l'Europe. Or, nous n'avons jamais été autorisés à traiter de cette crise comme d'une crise systémique. L'Europe a toujours insisté sur le fait que la crise en Grèce était une crise grecque. Ce n'en est pas une. Nous devons enfin comprendre que si nous voulons une union monétaire, nous devons créer un réseau de solidarités internes. Une victoire de Syriza serait l'occasion de traiter enfin la crise dans sa vraie dimension.
Mais, lors de son élection en 2012, François Hollande voulait aussi changer la zone euro et il disposait aussi de la légitimité démocratique. Cela n'a pas suffi.
En réalité, il n'a jamais essayé. Il s'est contenté de mettre l'accent sur l'aspect « croissance » du pacte de stabilité et de croissance, mais en dehors de ce changement sémantique, il ne s'est rien passé. Mais la situation de la France en 2012 n'est pas celle de la Grèce d'aujourd'hui. La France n'est pas en faillite, nous y sommes et nous n'avons rien à perdre. Si l'Europe et Berlin pensent qu'ils ont le droit moral de nous asphyxier, de nous assassiner, je pense qu'il faut être prêt à les laisser faire.
Comment expliquez-vous la politique européenne de François Hollande ?
Le Parti socialiste français a une lourde responsabilité dans la façon dont la zone euro s'est structurée. Il y a, depuis le début des années 1990, la volonté du PS de capturer la Bundesbank pour permettre à la France d'être riche au-delà de ses propres limites. Cette volonté - qui prend ses racines dans la première proposition d'union monétaire qui date de 1964 - a mené à une « danse de la mort » entre Paris et Francfort et qui a fait du PS le complice de tous les développements de la zone euro. En réalité, la France est en guerre avec l'Allemagne, et cela conduit à une véritable vassalisation de la France, à la création de ce que j'appelle un « Vichy post-moderne. » Et le seul à profiter de cette situation, c'est le Front National... Je crois qu'une victoire de Syriza en Grèce représentera la dernière chance pour François Hollande de changer cette donne.
Quelles seront vos propositions à la troïka ?
Nous demanderons d'abord un délai de 10 à 15 jours pour finaliser notre plan que nous voulons à la fois très détaillé et très complet. Ce plan sera organisé autour de quatre piliers.
Le premier pilier concernera la dette grecque. Nous voulons faire des propositions que même Wolfgang Schäuble [le ministre fédéral allemand des Finances, Ndlr] ne pourra pas refuser. Il n'y aura donc pas de défaut, de coupes franches dans la dette. Nous allons proposer une formule où le remboursement de la dette dépend de l'évolution du PIB nominal. L'idée, ce sera que l'Europe devra être notre partenaire dans la croissance, et ne devra pas plus compter sur notre misère. Le second pilier, ce sera les réformes.
Mais l'Europe et la Troïka prétendent que le gouvernement d'Antonis Samaras est le meilleur garant des « réformes »...
C'est évidemment faux. Antonis Samaras a fait de la chirurgie avec un couteau de boucher. Nous, nous voulons utiliser le laser, pour ne pas tuer le patient. Mais nous voulons évidemment des réformes, nous voulons en finir avec la kleptocratie qui ruine ce pays. Et cela ne signifie pas détruire les emplois et les conditions de travail, ou vendre à vil prix les entreprises nationales.
Et le troisième pilier ?
Il concerne l'investissement. Le problème de l'investissement en Grèce ne peut pas concerner seulement la Grèce. Syriza s'est engagée à maintenir un budget équilibré, nous ne pouvons donc pas attendre de l'Etat grec qu'il résolve ce problème. Il faut donc un plan ambitieux au niveau européen.
Mais Jean-Claude Juncker n'a-t-il pas déjà lancé un tel plan ?
Je ne cesse pas de m'étonner de la stupidité de ce plan. C'est comme donner de l'aspirine à un homme mort. Du reste, l'assouplissement quantitatif (QE) de Mario Draghi n'est pas davantage une bonne idée. Il ne servira sans doute qu'à alimenter des bulles sur les marchés financiers. L'Europe dispose pourtant d'un instrument pour investir, la Banque européenne d'Investissement (BEI) qui est aujourd'hui trop pusillanime dans ses actions, non seulement parce qu'elle craint pour sa notation, mais parce que ses investissements doivent être cofinancés.
Il faut donc libérer la capacité d'action de la BEI pour entamer une vraie « nouvelle donne » pour l'Europe et injecter 6 à 7 % du PIB de la zone euro dans l'économie. Et si Mario Draghi veut racheter de la dette publique, il serait plus utile qu'il rachète sur le marché secondaire des obligations de la BEI. Ce sera bien plus utile que d'acheter de la dette allemande. Les taux de cette dernière seraient ainsi maintenus bas et nous pourrons financer une nouvelle vague d'investissement dont l'Europe - et pas seulement la Grèce - a besoin.
Et le dernier pilier du programme de Syriza ?
Ce sera de gérer enfin la crise humanitaire en Grèce. Mais là encore, je pense qu'il faut réfléchir au niveau européen. Aux Etats-Unis, les bons d'alimentation ont permis de sortir de la pauvreté des centaines de milliers de ménages. Pourquoi ne pas utiliser les bénéfices de l'Eurosystème, le réseau des banques centrales de la zone euro, pour financer de tels bons en Europe ? Cela créerait de la solidité politique en Europe, les gens pourraient constater concrètement les effets positifs de l'appartenance à la zone euro.
On a cependant l'impression que ce type de propositions risquent immanquablement de se heurter à un refus, notamment allemand, puisque, à Berlin, on ne veut pas d'une union des transferts...
Je ne suis pas d'accord. Quoi que fasse ou dise l'Allemagne, elle paie, de toute façon. Et dès 2010, j'ai considéré que nous n'avions pas, nous autres Grecs, le droit moral d'accepter de l'argent des contribuables allemands, pour payer nos créanciers. En réalité, cet argent va dans un trou noir et, ce que nous leur demandons, c'est qu'ils dépensent leur argent plus intelligemment. Pourquoi demander à la Grèce d'emprunter l'argent des contribuables allemands pour rembourser la BCE ? Parce que Jean-Claude Trichet, le plus mauvais banquier central de l'histoire, l'a décidé jadis ? Faisons plutôt en sorte que la BEI fasse le travail pour lequel elle a été créée.
Précisément, la Grèce devra rembourser 6 milliards d'euros à la BCE en juin. Le fera-t-elle ?
Si nous avons l'argent, évidemment. Sinon, il faudra discuter. Je voudrais néanmoins souligner combien cette idée de devoir rembourser la banque centrale est stupide. C'est une première dans l'histoire et cela n'est jamais arrivé. La question que doit se poser l'Europe est : pourquoi, avec de telles décisions continuer à alimenter des mouvements comme Aube Dorée ou le FN ?
Mais la BCE fait pression sur la Grèce en exigeant un accord avec la Troïka. Pensez-vous qu'elle puisse, en cas de victoire de Syriza, bloquer l'accès des banques grecques à la liquidité ou, du moins, menacer de le faire comme dans le cas irlandais ?
On peut voir l'attitude de la BCE sous deux aspects. Le premier : la BCE fait pression sur la Grèce. Le second : elle fait pression sur la troïka. Ce qu'elle veut, c'est un accord. Nous aussi. Alors, faisons en sorte qu'il y en ait un. Quant au cas irlandais, je voudrais souligner que la situation est très différente. Si l'Irlande a accepté la Troïka, c'est parce que le gouvernement irlandais d'alors n'a pas tenté de résister. Il sera jugé négativement pour cela par l'histoire. Mais dans ce cas, Jean-Claude Trichet a complètement outrepassé son mandat en forçant l'Irlande à transformer de la dette privée en dette publique. Il brûlera en enfer pour cela ou, au moins, il devrait être jugé devant un tribunal européen... Un gouvernement Syriza ne se comportera pas comme le gouvernement irlandais d'alors.
Mais si aucun accord n'est possible, ni trouvé ?
Alors, je le dis clairement : « la mort est préférable. » Le vrai déficit de la Grèce, c'est un déficit de dignité. C'est à cause de ce manque de dignité que nous avons accepté des mesures stupides et cela a alimenté un cercle vicieux de l'indignité qui, elle-même, entretient le mécontentement, la peur et le ressentiment. Tout ceci n'est pas bien. Nous devons retrouver notre dignité, l'esprit qui, le 28 octobre 1940 nous a fait dire « non » à l'ultimatum de l'Italie mussolinienne. A ce moment, nous n'avions pas non plus les moyens de dire « non » et pourtant, nous l'avons fait. (ndlr : le 28 octobre 1940, le dictateur grec Metaxas avait refusé par un « non » devenu légendaire de se soumettre à l'ultimatum italien. Dans la guerre qui a suivi, les Grecs ont repoussé l'armée italienne). Il faut retrouver l'esprit du 28 octobre.
Qu'entendez-vous par « la mort » ? La sortie de la zone euro ?
Le terme de « mort » était allégorique. Et comme toute allégorie, moins on l'explique et mieux on le comprend. Quant à la sortie de la zone euro, je veux insister sur le fait que nous avons le droit de rester dans la zone euro. Nul ne peut nous le contester.
Dans votre ouvrage Le Minotaure Planétaire*, vous indiquez que la crise de 2008 signale la fin d'une époque pour l'économie mondiale, celle où le double déficit américain alimentait les excédents germano-chinois et la croissance financière. Quelle nouvelle époque est-elle en train de naître et quel rôle la victoire de Syriza peut jouer dans cette nouvelle ère ?
Je ne sais pas à quoi va ressembler l'économie mondiale dans l'avenir. Mais il est certain que ce que j'ai appelé le « Minotaure » est en train de mourir. La croissance américaine actuelle ne peut cacher deux réalités : les emplois créés sont souvent des emplois précaires et le recyclage des excédents créés par les déficits américains à Wall Street n'est plus possible. Pour moi, l'élément décisif sera la naissance de nouvelles Lumières. La Grèce peut être une petite lueur d'opportunité. Nous ne sommes pas assez grand pour changer le monde, mais nous pouvons forcer l'Europe à changer.
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(*) Le Minotaure planétaire - L'ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial,par Yanis Varoufakis, Editions Enquêtes et Perspectives (2014), 384 pages.
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POUR ALLER PLUS LOIN

Repères

Agé de 54 ans, Yanis Varoufakis a été formé au Royaume-Uni. Professeur à l'université de Sidney (il a la double nationalité grecque et australienne) jusqu'en 2000, il est ensuite revenu en Grèce où, de 2006 à 2008, il a conseillé George Papandréou, alors leader de l'opposition.
Dès 2010, il s'est opposé au discours dominant en Grèce et a défendu l'idée qu'il fallait assumer la faillite du pays. Auteur d'une "modeste proposition pour régler la crise de l'euro", notamment saluée par Michel Rocard, il s'est rapproché de Syriza. En cas de victoire du parti d'Alexis Tsipras, on évoque son nom pour diriger les négociations avec la troïka.
Le "Minotaure planétaire", publiée en 2013 en anglais a été traduit en plusieurs langues. Il commente sur un blog l'actualité économique.

Fiche de lecture

L'ouvrage de Yanis Varoufakis reprend une de ses intuitions, formulés dès le début des 2000 : l'économie mondiale a tourné jusqu'en 2008 autour du "recyclage" des déficits jumeaux américains.
Après l'effondrement du système de Bretton Woods en 1971, les Etats-Unis ont en effet préféré organiser l'économie mondiale autour de leurs déficits comme ils l'avaient fait auparavant autour de leurs excédents. Ainsi, les économies excédentaires profitaient de ces déficits pour faire des bénéfices qu'elles recyclaient ensuite à Wall Street, assurant ainsi à la croissance américaine. Pour Yanis Varoufakis, la zone euro est devenue une sous-zone de cette logique, centrée sur la capacité de l'Allemagne à faire des excédents.
Cette situation rappelle à l'auteur le mythe du Minotaure, monstre mi-homme, mi-taureau enfermé dans le labyrinthe par son père Minos et qui se nourrissait des otages envoyés chaque année par Athènes, comme le Minotaure américain se repaissait des excédents du reste du monde. Jusqu'à ce que Thésée le mette à mort, métaphore du vieux monde minoéen tombé sous les coups du "nouveau monde" mycénien...
La crise de 2008 est précisément, cette mise à mort du vieux monde. Pour Yanis Varoufakis, c'est l'absence de conscience de ce changement d'ère, la volonté du "vieux monde" de résister qui rend la crise si pénible et si longue, car l'économie mondiale ne peut pas encore mettre à jour le "nouveau monde."
Yanis Varoufakis, Le Minotaure planétaire - L'ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial, Editions Enquêtes & Perspectives (2014), 384 pages, 23 €.



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"Aucune guerre n'est jamais remportée. Elles ne sont même jamais combattue. 

Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir"

William Faulkner