Ukraine : Volker Bräutigam dénonce la désinformation
07MAI
L’ancien rédacteur de la Tagesschau met en cause le traitement de l’information sur le conflit en Ukraine au travers d’une lettre ouverte. Il ne comprend pas pourquoi les journalistes de la chaine publique allemande chargés du choix éditorial refusent de dire la réalité sur les événements en Ukraine. En voici le contenu.
Chères et chers collègues,
dans le cadre de votre couverture médiatique des évènements en Ukraine, vous semblez apparemment ne respecter plus que de manière aléatoire l’obligation du Service public d’informer factuellement et objectivement.
Quand cesserez-vous enfin cette indigne mascarade qui consiste de fantasmer par exemple sur les officiers allemands ainsi que d’autres pays de l’Union européenne retenus dans l’Est de l’Ukraine comme étant des « Observateurs de l’OSCE » ? Vous savez certainement que l’OSCE ne mène jamais d’opérations militaires secrètes, ceci serait en contradiction totale avec sa charte fondamentale ! Cette organisation a, entre temps, elle-même déclaré clairement que les gens de ce groupe ne sont nullement mandatés par l’OSCE. Il s’agit d’officiers en civil chargés d’une mission secrète d’acquisition d’informations en Ukraine de l’Est qui abusent du sigle de l’OSCE comme couverture. En bref : des espions ! Les tergiversations du porte-parole du ministère allemand de la Défense en disent très long sur ce sujet.
Pourquoi votre comité de rédaction n’est-il pas en mesure de trouver un accord pour désigner le, sans aucun doute illégitime, régime putschiste de Kiev et sa clique fasciste au gouvernement et au parlement de ce qu’il est réellement au lieu de parler, dans un esprit de contrefaçon et de reconnaissance, de « gouvernement de transition », et d’utiliser des formulations tendancieuses telles que « président intérimaire » où « chef du gouvernement » : un état de fait franchement incompréhensible.
Avec cette répugnante manière de désinformer le public, en outre acceptée volontairement, le journalisme du Service public scie, en fin de compte, la branche sur laquelle il est assis. Sans vouloir en plus approfondir les questions déontologie professionnelle.
Salutations de l’ancien rédacteur de la Tagesschau, mercredi 7 mai 2014
Volker Bräutigam [1]
Il y a eu un coup d’Etat en Ukraine, pourquoi ne le disent-ils pas ?
L’ancien responsable d’un journal télévisé regardé par des dizaines de millions de télépspectateurs n’est pas tendre avec ses successeurs. Force est de constater que la ligne éditoriale choisie par la chaine publique allemande est celle de nombreux autres médias occidentaux.
Pourtant, le pouvoir en place à Kiev est le résultat du renversement d’un président élu et d’un gouvernement qui avait obtenu dans les urnes la confiance des électeurs. Ce coup d’État a eu lieu en Europe, dans un pays de 40 millions d’habitants. Qui peut dire le contraire ? Mais à la lecture de la presse, cette information est passée sous silence, et le gouvernement de Kiev est traité comme s’il était légitime.
Pourquoi refuser de dire la vérité à la population ?
Le traitement des événements en Ukraine par la presse occidentale montre bien qu’en Europe également, la liberté de la presse est un combat quotidien qui doit être mené.
[1] Volker Bräutigam était le rédacteur de Tagesschau, le journal télévisé de grande audience de la première chaîne allemande ARD, une chaine publique.
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